Abondance
Léa Eynaud - 14 novembre 2014
Dans le cadre d'une réflexion sur les communs, la notion d'abondance m'intéresse. On s'interroge souvent pour savoir comment imaginer une croissance infinie sur une planète dont les ressources sont finies. Ce qui est très juste par ailleurs. Au sein de ce cheminement de pensée, la réflexion sur les communs redonne crédit à l'idée de l'abondance. Il ne s'agit plus de parler de croissance mais d'abondance. Il y a abondance sur cette planète.
La pensée des communs réintroduit cette idée positive et stimulante d'abondance, qui invite à l'action et redonne espoir. Si nous sommes capables de repenser les choses autrement, nous pourrons nous rendre compte que la Terre recèle de mille ressources. Il faut juste leur laisser l'espace pour se déployer.
Accessibilité
Il est à mon avis important d'organiser des choses qui sont adaptables aux non technophiles, d'une part parce que la technique est de moins en moins compliquée, et qu'il y a plusieurs degrés pour l'aborder.
Ensuite parce que le contenu est souvent un bon prétexte pour s'intéresser à la technique. J'ai souvent fait l'expérience de workshops organisés avec des gens qui n'avaient pas l'habitude d'une approche par la technique, et ces profils étaient souvent très intéressants, parce qu'ils avaient ce recul de personnes non connectées. Dans ma pratique, je m'intéresse aussi à faire des choses non connectées qui s'inspirent de processus existants et numériques.
Action
Anna Lochard - 11 novembre 2013
Mon expérience de Disco Soupe montre que, si nous nous situons uniquement dans une organisation revendicative ou de lobbying qui n'a pas de manifestation physique permettant d'interpeller directement les passants ou les consommateurs, la puissance du message diminue.
Il est important de s'investir dans un lieu et de se situer dans une action de terrain.
Dans Disco Soupe, nous essayons de faire en sorte que chacun fasse tout. Notre but n'est pas, par exemple, d'avoir un salarié qui soit chargé de communication. Il est indispensable que chacun continue à organiser des événements. C'est pourquoi même les gens engagés depuis un an et demi dans l'association continuent à mener un ou deux événement par mois.
C'est aussi dans l'action que le sens se trouve.
Aimer
Frank Adebiaye - 19 septembre 2013
C'est la chose la plus difficile. Aimer c'est être capable de se transfigurer positivement pour quelque chose. On dit souvent que l'amour est proche de la foi. Pour revenir à cette notion de temps, aimer c'est se faire la promesse d'être meilleur.
Aimer, c'est faire la promesse à soi-même et aux autres d'être meilleur.
De faire mieux. D'être une meilleure personne. C'est cela aimer. C'est d'une puissance considérable. C'est la chose la plus importante des quatre. Le cardinal des cardinaux, c'est aimer. C'est sûr.
Anthropocène
Alexandre Monnin - 21 août 2017
Je m’intéresse depuis maintenant 2 ans à la question de la fin du numérique. Même si cela peut surprendre, il s’agit de questionner l’avenir des technologies, et de fait, la fin potentielle et probable de celles-ci. Je m’intéresse à essayer d'amortir cette fin, d’une part en commençant déjà à y réfléchir, et d’autre part en cherchant des alternatives permettant de se donner les moyens d’arrêter d’utiliser partiellement ces technologies.
Ces technologies sont un héritage commun. De la même manière, nous héritons des centrales nucléaires, que nous le voulions ou non, que nous soyons pro ou anti-nucléaire. Nous ne pouvons pas les ignorer, tourner les talons et les laisser vivre leur vie ou tomber en décrépitude. Nous sommes obligés d’en faire quelque chose.
Il y a donc là quelque chose qui est de l’ordre du commun et qui exige que l’on se dote de nouvelles règles de gouvernance pour ces infrastructures, avec un horizon qui est celui de l’anthropocène.
Notre horizon est probablement celui de la fermeture progressive de ces infrastructures. Et il s’agit de développer une ingénierie de la fermeture, parce que cela n’existe pas encore aujourd’hui.
Nous héritons de cela, nous ne pouvons pas nous en passer, mais cela ne va pas pouvoir durer. Alors que faisons-nous ? Comment essayons-nous finalement de fermer ces infrastructures dont nous sommes totalement dépendants aujourd’hui, mais qui ne sont pas durables ? C’est à mon sens un des enjeux des communs pour l’avenir.
Le commun n’est pas constitué uniquement de choses positives. Nous héritons aussi de communs négatifs. Il faut les gérer, et pour cela, se doter de règles de gouvernance, de capacité de visualisation qu’apportent les arts.
Je prends l’exemple du collectif Bureau d’études, qui fait cohabiter dans ses cartographies des communs positifs et des communs négatifs. Sachant qu’il y a aussi des aspects négatifs dans les communs positifs et inversement. Par exemple, les centrales nucléaires apportent de l’énergie partiellement décarbonée. Et en même temps les communs positifs nous font nous heurter à tout un ensemble de situations où il faut par exemple exclure parfois ceux qui abusent ce des communs.
C’est pourquoi la notion d’infrastructure permet de penser ensemble ces deux aspects.
Anthropocentrisme
Xavier Fourt - 21 août 2017
À mon sens, dans la question du commun et des communs est posée d’un point de vue anthropocentrique.
Pour poser la question du commun et des communs d’un point de vue élargi, c’est-à-dire post-anthropocentrique, une approche institutionnaliste ne suffit pas. Cela pose des questions ontologiques.
Appartenance
Thomas Landrain - 14 août 2013
Nous appartenons tous au règne vivant. Nous ne partageons pas seulement une relation d'utilité avec le vivant. Il existe également un lien d'empathie
Empathie que nous n'aurons jamais avec un ordinateur par exemple - ou alors sans intelligence artificielle. Mais là, nous rentrons dans un autre domaine.
Appropriation
Béatrice David - 05 février 2014
Il s'agit de remettre les gens au cœur de leur existence et de leur vie citoyenne, de leur travail et de leur parcours en général. Il s'agit aussi de leur donner les outils.
L'appropriation c'est aussi une forme de valorisation des personnes, qui implique un travail d'accompagnement de sorte que chacun soit à même de choisir ce qui est le mieux et accède à une certaine autonomie.
Il s'agit de pouvoir reprendre la parole, parce que finalement, lorsque l'on est seulement un aidé, nous n'avons pas trop notre mot à dire, si ce n'est en tant qu'aider. Nous ne sommes pas trop écouté. Permettre l'appropriation c'est permettre à chacun de redevenir acteur et d'acquérir une légitimité. C'est aussi avoir une vision plus globale, complexe. Être capable d'avoir un regard critique, de choisir, plutôt que d'aller uniquement dans une voie que l'on nous donne et qui nous oriente.
Art
Alexandre Monnin - 21 août 2017
Pour moi, l’art et le commun sont dans des situations intéressantes parce que l’art, finalement, essaie de témoigner d’une forme de singularité. On essaie de produire une singularité.
La question qui se pose est de savoir comment articuler cette singularité à une dimension commune. Comment cette singularité peut participer d’un commun, en contribuant à l’intérêt général par exemple.
Cette question m’intéresse à la croisée de deux projets. L’un que j’ai mené et l’autre auquel je me suis intéressé, et qui me conduit à un nouveau projet.
Le premier projet est celui dont je me suis occupé pour les Fondation Galerie Lafayette. L’idée était de fabriquer une plateforme pour une fondation d’intérêt général d’art contemporain avec pour enjeu de donner à voir l’art contemporain hors des cadres habituels qui en font finalement un art très spéculatif, qui ne touche pas le grand public et qui concerne essentiellement des gens fortunés qui vont spéculer sur les œuvres. Cette critique habituelle de l’art contemporain n’est pas totalement injustifiée par ailleurs.
Par ce projet, il s’agit d’aller voir plutôt la fabrique de l’art contemporain, en rentrant dans les discussions que les producteurs peuvent avoir - car la Fondation Galerie Lafayette est une fondation de production d’art contemporain, avant d’être une fondation qui expose des œuvres. Cette notion de production est très importante car dans le cadre de la production, il y a une discussion avec l’artiste sur ce qu’il fait. Dans ces discussions, il est possible de voir que tout ne se construit pas sans justification, de manière gratuite. Ce qui est produit par l’artiste est soumis à des critères d’évaluation où l’on discute de la direction que va prendre l’œuvre, de la direction où va l’artiste, et de la manière dont il sert l’œuvre qu’il va faire advenir. Et finalement, des jugements de valeur émergent de ces discussions.
L’idée est de partager ces jugements de valeur, de montrer que l’art contemporain n’est pas gratuit. Il s’agit donc, d’une part, de permettre au public, de ce fait, d’avoir une vision et d’être en capacité d’apprécier et d’appréhender l’art contemporain.
D’autre part, le fait de doter une fondation d’une archive, c’est l’obliger, finalement, à répondre de son action puisque cette archive va être en partie partagée avec le public.
Au quotidien, la fondation produit un matériau qui va ensuite servir à produire la médiation à destination du public. À partir du moment où l’on est obligé de répondre de son activité devant le public, on est responsable de ce que l’on fait et on ne peut pas faire n’importe quoi. La fondation s’engage, en travaillant avec des artistes, à faire des œuvres qui ont en partie une dimension sociale.
L’enjeu est de parvenir à articuler la singularité qu’apporte l’artiste avec une notion d’intérêt général qu’est censée porter une fondation.
Une fondation a un privilège dans le sens où elle permet de défiscaliser. C’est pourquoi ce privilège se paye au prix de l’intérêt général qu’elle doit servir en contre-partie. Mon travail a consisté à essayer d’articuler spécificité et bien commun et à se mettre au service de l’intérêt général.
C’est pour cela que je me suis inspiré des Nouveaux commanditaires, une initiative qui existe depuis plus de 25 ans maintenant. Cette initiative permet à des publics divers et variés, et qui rencontrent un problème, de passer commande d’une œuvre d’art pour transformer la situation dans laquelle ils sont. Il s’agit de faire intervenir un artiste pour produire une œuvre qui va contribuer à cette transformation, en appui du public et dans un dialogue suivi avec ce public. Cela permet de remettre l’art au cœur de la société, de lui redonner un sens et une finalité
Dans ce travail avec les Galeries Lafayette, je me suis largement inspiré des Nouveaux commanditaires pour essayer de penser des dispositifs et des protocoles permettant notamment de travailler avec des artistes qui, eux-même, non pas produisent des œuvres matérielles qui seraient ensuite vendues sur le marché de manière traditionnelle, mais plutôt des artistes qui travaillent sur des situations. Ces artistes travaillent à transformer des situations que rencontrent des publics, parce que, justement, ils sont des artistes et ont une capacité à agir hors des lignes classiques. Et finalement, ils ont une capacité à transformer des situations pour en faire advenir de nouvelles qui n’existeraient pas sans leur intervention. C’est ce décalage qui est la spécificité de leur travail. C’est ce que j’appelle un art des situations, qu’il faut encourager.
On parle parfois d’esthétique relationnelle ou de performance. Cette démarche va bien au-delà. Il s’agit de travailler avec des publics pour transformer leur réalité. J’ai rencontré quelques artistes qui travaillent sur ce mode là. Et c’est effectivement pour moi tout un enjeu de mettre en avant ce type de démarche où, dans ce cas précis, on ne se pose plus la question de la médiation, c’est-à-dire comment atteindre un public, car le public est déjà au cœur de l’œuvre. C’est le public qui rencontre un problème, qui est dans une situation de trouble, qui va amener un matériaux que l’artiste va travailler avec lui.
De ce fait, la question de l’intérêt général n’est pas une question rhétorique ou qui se poserait dans un second temps. L’intérêt général est au cœur de l’activité artistique et de l’invention de nouvelles formes de travail et d’appréhension de ces situations.
Je pense que, par ce type de pratiques, on a ici une opportunité très intéressante de repenser un art contemporain qui deviendrait un art des situations, sans abandonner pour autant le souci formel. Ces démarches déplacent les enjeux formels dans d’autres directions que celles que l’on a connu jusqu’à aujourd’hui. Pour moi, les Nouveaux commanditaires, initiative inventée par François Hers et qui est en-soi une œuvre d’art, peut réellement ouvrir des directions intéressantes pour nous permettre d’aller plus loin. C’est une articulation entre art et commun qui me parait tout à fait essentielle.
Articulation
Jennifer Bonn - 18 novembre 2013
Chacun a son fil. Les fils se rejoignent, se détachent, s'articulent ensemble.
C'est l'articulation entre les personnes qui crée les communs. Nous n'avons pas les mêmes positions, mais nous articulons nos positions.
Autonomie
Raphaël Bastide - 27 octobre 2014
Je parle de libre et d'open source, mais j'aspire à une certaine forme d'indépendance, de manière générale, quand à la production.
C'est quelque chose auquel j'ai eu partiellement accès, et j'ose espérer qu'un jour des étudiants qui voudront chercher l'information pourront la trouver dans le contexte de l'École. À mon avis l'École est faite pour cela, mais pour l'instant elle ne remplie pas ce rôle.
Auto-réplication
Thomas Landrain - 14 août 2013
La vie a cette capacité à se reproduire, se diviser, se disperser. Elle a des propriétés qui sont presque virtuelles.
Cette capacité infinie de reproduction est un pré-requis évident pour se définir comme étant bien commun.
Nom - 21 août 2017
Nom - 21 août 2017
Nom - 21 août 2017